Les vestiges de La Tène finale sont décrits dans chaque chapitre à la suite de ceux de l’Âge du Bronze. Dans le chapitre II, le corpus de La Tène finale est présenté ; il se compose de deux groupes de tombes à incinération, de deux structures de combustion, d’un fossé observé sur 13 m de longueur et de quelques aménagements discrets mal datés, comme des structures quadrangulaires sur poteaux plantés que l’auteur intègre aux espaces funéraires. Un premier groupe (tombes 3 et 5) comprend deux fosses sub-rectangulaires à l’intérieur desquelles une trace « piriforme » pourrait correspondre au contenant et à un élément de marquage (« stèle en bois »). Le second groupe de tombes (tombes 5 à 8), à 80 m du premier, dévoile de simples fosses sub-circulaires à l’exception de l’une d’entre elles « piriforme » et deux fosses de combustion contenant de la faune, des céramiques et des éléments métalliques brûlés.
L’étude du mobilier (chapitre III) permet de dater les sépultures les plus anciennes du début du LTD1, les plus récentes au plus tôt du LTD1b. La céramique est systématiquement présente (au moins deux exemplaires par sépulture), le mobilier métallique assez pauvre : fibules de Nauheim en bronze, fibules de schéma La Tène finale en fer (à ressort long, corde externe et à ressort court, corde interne), bracelet tubulaire en bronze, potin des Rêmes, et divers fragments moins spécifiques. Selon les données de l’anthropologie (chapitre V), les incinérations « piriformes » sont des sépultures individuelles d’enfants, les autres des sépultures « multiples » avec des os d’adultes – accompagnés dans les tombes 8 et 9 d’os calcinés d’enfants et de nouveaux-nés. Les fosses de combustion ont livré des ossements animaux et l’une des récipients éclatés au feu. Dans le chapitre VII, l’auteur s’attache à approfondir la problématique de l’incinération partant des données de l’histoire antique, de l’ethnologie et -fait plus novateur- de l’archéologie expérimentale ; des bûchers de types divers ont été aménagés sur le chantier de fouille et les effet sur le substrat et les os décrits (couleur, fragmentation, etc.).
La synthèse des données (chapitre VIII) dévoile donc la présence à Elgg d’un complexe funéraire comprenant plusieurs groupes d’incinérations reliés peut-être à un emplacement de bûcher central (non localisé). S’y ajouteraient une fosse « à offrandes » (structure U), un emplacement réservé à la préparation de repas funéraires (structureV) et des échafaudages pour l’exposition des dépouilles (structures quadrangulaires sur poteaux plantés). Un grand fossé délimite l’espace funéraire.
En résumé, l’ensemble celtique d’Elgg –même si son rôle n’est pas aussi important que celui des vestiges de la fin de l’Age du Bronze- amène quelques réflexions intéressantes sur l’approche des rites funéraires de La Tène finale en Suisse. Ce travail sur un corpus nouveau amène des informations intéressantes, dans la mesure où, sur le Plateau suisse, les nécropoles connues à ce jour sont encore rares (21 emplacements recensés dans l’étude), peu publiées et surtout les zones dégagées trop souvent limitées aux emplacements des tombes ; comme le montre Elgg - mais plus encore certains exemples extérieurs à la Suisse -, l’extension des surface autour du périmètre des sépultures dévoile des aménagements annexes très révélateurs de la complexité des rituels funéraires. Seul bémol, les conditions de conservation relativement mauvaises ici (absence de relations stratigraphiques entre les aménagements, faiblesse de certains éléments de datation, etc.), qui augmentent le risque de sur-interprétation des vestiges.
Zitierweise:
Philippe Curdy: Rezension zu: Andreas Mäder, Die spätbronzezeitlichen und spätlatènezeitlichen Brandstellen und Brandbestattungen in Elgg. Zürcher Archäologie, Heft 8 (Text) und Heft 9 (Kataloge, Anhang, Tafeln), Zürich und Egg 2002. 320 S., 158 Abb., 60 Taf. Zuerst erschienen in: Jahrbuch der Schweizerischen Gesellschaft für Ur- und Frühgeschichte, Nr. 88, 2005, S. 400.